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Sunday, January 06, 2008

HASSEN NASRALLAH:NOUS AVONS EMPËCHE L'EXECUTION DU PLAN AMERICAIN AU LIBAN

Sayyid Hassan Nasrullah, secrétaire général du Hizbullah :

«Nous avons empêché l’exécution du plan américain au Liban »

Traduction CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine)

4 janvier 2008

Dans une longue interview accordée à la chaîne NBN, le secrétaire général du Hizbullah a longuement décrit la situation libanaise en la rattachant à la situation régionale et internationale. Nous traduisons ici une partie de cette interview. Nous avons mis entre parenthèses les explications nécessaires à la compréhension de certains passages, et avons résumé certains autres.

Le plan américain

Question : Les gens sont de plus en plus perdus, au Liban, ils ne savent plus qui croire, ne savent plus quel est le fond du problème. Est-ce que l’opposition a manqué dans sa tâche d’éclaircir la situation ?

Sayyid Nasrullah : Concernant le projet américain, nous avons toujours besoin de rappeler aux gens, ce que soit au public du (groupe du) 14 mars (les partis du pouvoir, nommé également 14 février), à l’ensemble du peuple libanais et tous les peuples de la région, qui suivent l’évolution de la situation et des événements au Liban, pour faire connaître la réalité de ce qui se déroule au Liban. Le projet américain au Liban fait partie du projet américain dans la région. Au Liban, tels que nous le voyons, il signifie quatre points qu’il nous faut connaître au moment où nous lui faisons face. Ces points sont :

1 – L’administration américaine veut qu’il y ait au Liban un pouvoir qui lui soit inféodé, qui exécute ses ordres et réalise ses objectifs dans la région. Ce qui veut dire que si les Etats-Unis souhaitent y avoir des bases (militaires), ce pouvoir leur faciliteront la tâche, comme ce qui existe dans les Etats de la région. Mais s’il y a un pouvoir qui refuse la présence de ces bases américaines au Liban, il sera un obstacle au projet américain. Par conséquent, s’il y a des forces politiques ayant une dimension nationale, qui font passer les intérêts nationaux avant les intérêts américains et qui ne sont pas prêts à être les outils du projet américain, elles n’ont aucune place dans ce pouvoir.

2 – Le projet américain au Liban est dépourvu de toute résistance, ni le Hizbullah, ni autre que le Hizbullah. Quiconque pense affronter les ambitions israéliennes et les agressions israéliennes, sa présence sera interdite au Liban, que ce soit au niveau de la pensée, de la culture ou des armes.

3 – L’installation définitive des Palestiniens, non pas pour résoudre la dimension humaine, mais pour liquider le droit au retour, pour supprimer la question palestinienne au profit de l’entité sioniste.

4 – Utilisation du Liban pour faire pression sur la Syrie, exercer un chantage sur ce pays et le pousser à se plier aux exigences des Etats-Unis, au niveau régional, au niveau du règlement global et au niveau du projet du nouveau moyen-orient.

La preuve de ce que j’avance :

1 – la résolution 1559 qui stipule l’élection d’un président sans intervention étrangère, sauf américaine, ce qui signifie que les Etats-Unis veulent recomposer le pouvoir qui lui est inféodé, c’est pourquoi les Américains ont refusé de donner un délai, même deux mois, pour légiférer sur une nouvelle loi électorale, ils ont insisté sur la date des élections (législatives) parce que George Bush avait déclaré qu’il fallait que les élections aient lieu avant telle date, et c’est pourquoi ils ont accepté une loi électorale dont ils disaient qu’elle est injuste et non équitable, l’ayant même nommé la loi de Ghazi Kanaan (renseignements syriens), car ils étaient pressés de mener ces élections, et d’être un pouvoir qui réalise ce but.

2 – Désarmer la résistance sous le prétexte de désarmer les milices.

3 – La question palestinienne devant conduire à l’installation définitve (tawtîn).

4 – La pratique depuis deux ou trois ans, en ce qui concerne l’attitude envers la Syrie. Personne au Liban ne souhaite que la Syrie dirige ou administre le Liban, ce sont les Libanais qui doivent administrer le Liban, ni la Syrie ni les Etats-Unis, ni la France, ni l’Arabie Saoudite, ni l’Iran, ni personne. Mais il n’est pas de l’intérêt du Liban qu’il devienne un ennemi ou un adversaire de la Syrie, mais dès le début, cela est allé dans cette direction.

C’est le projet américain qui se résume en : pouvoir inféodé, pas de résistance au Liban, pas de forces nationales refusant de prendre le train du projet américain, et il y a des forces nationales autres que le Hizbullah qui refusent et insistent à mettre en avant l’intérêt national, qui refusent l’installation définitive des Palestiniens, bien que certains présentent cette question dans sa dimension religieuse, soit l’augmentation du nombre des musulmans par rapport au chrétiens, ou dans le cadre confessionnel, l’augmentation des sunnites par rapport aux autres musulmans. Nous considérons, par contre, qu’il s’agit d’une liquidation du droit au retour en préalable de la liquidation de la question palestinienne. Car l’un des nœuds les plus complexes posés dans les négociations palestino-israéliennes est celui du droit au retour. Les Américains agissent pour réaliser ce but, soit par leurs activités politiques soit par les assassinats qu’ils commettent, selon mon explication et mon analyse, et je suis prêt à discuter de ce sujet, ces assassinats derrière lesquels se trouve, le plus probablement, Israël, ou soit par la guerre de juillet (2006) et toutes les pratiques des Etats-Unis.

En face, la résistance, dans sa dimension militaire ou l’opposition nationale dans sa dimension politique intérieure, mènent une lutte non pas contre ce courant ou ce parti appartenant au 14 mars, mais contre George Bush qui déclare suffoquer, ces jours-ci, et contre l’administration américaine, avec Abrams, Welsh, Condolizza Rice, et contre le projet américain qu’ils veulent imposer aux Libanais. C’est notre vision, nous devons l’expliquer et la clarifier. Les forces de l’opposition en sont conscientes, mais pour les forces du 14 mars, une partie est convaincue du projet américain, considérant que c’est pour l’intérêt du Liban, et une autre partie n’écoute pas, d’autres ont déjà écrit leur réponse à cette interview avant même d’en connaître le contenu, ou des communiqués d’insultes…

Le gouvernement d’union nationale

Question : les forces du pouvoir affirment que l’opposition ne veulent pas l’Etat tel qu’il est conçu ?

Sayyid Hassan Nasrullah : Ceci n’est pas vrai, la preuve étant qu’en 2005, lors des élections électorales, bien que nous n’étions pas convaincus de la loi électorale qui a été appliquée, nous avions accepté d’y participer, et nous n’étions pas convaincus de la date mais nous y sommes allés car au Liban, le début correct pour former un nouveau pouvoir part des élections législatives. Si les élections avaient eu lieu selon une loi électorale correcte, les résultats des élections auraient été sains, et le pouvoir aurait été sain également, mais nous avions accepté cela car nous voulons qu’il y ait un pouvoir au Liban et nous ne voulons pas le vide, notamment après le départ de la Syrie dont la présence était voulue au niveau international et arabe. Nous avions accepté le règlement, comme nous avions accepté l’accord quadripartite et sommes allés vers les élections au moment où nous n’étions pas convaincus, ni pour la date, ni pour la loi électorale, et pour prouver notre sérieux, nous sommes allés au gouvernement, et c’était la première fois où nous participions directement. Au début, nous avions soutenus le gouvernement, mais lorsque nous y sommes rentrés, ce n’était pas sur la base du tiers garant, nous y avions participé sur la base d’un accord politique, pour construire un pouvoir et un Etat et surmonter le vide existant.

Mais lorsque nous y sommes allés, nous nous sommes aperçus qu’il y a un projet qui se réalise par le biais du gouvernement et par le biais du pouvoir, et que nous étions uniquement des témoins incapables, ne pouvant rien changer ni au niveau politique ni au niveau administratif et économique.

Au début, nous sommes allés vers tout ce qui consolide l’Etat et forme le pouvoir, malgré les dangers, et lorsqu’il y a eu crise politique, nous sommes allés vers le dialogue, nous avions essayé, par le dialogue, de régler les questions essentielles en suspens, mais il y a une partie qui veut réaliser certains objectifs et se diriger sans les autres partenaires du pays, ce qui a conduit à la crise politique actuelle.

Question : est-ce qu’à votre avis, les Etats-Unis ont besoin d’une base au Liban ?

Sayyid Nasrullah : Les Américains ont besoin de bases n’importe où, car cela fait partie des priorités du projet américain, surtout après l’effondrement de l’Union soviétique, ils ont besoin d’une présence directe dans la région, ils ont besoin de tenir le pouvoir au Liban, les appareils sécuritaires et l’armée. C’est le projet réel pour que le Liban soit soumis à la politique américaine, qu’il fasse la concorde avec Israël, mette fin à l’état de résistance, installe définitivement les Palestiniens et que le Liban devienne un outil du projet américain dans la région .

Question : Est-ce que l’accord de Taëf manque d’un mécanisme pour régler les dissensions entre les Libanais ?

Sayyid Hassan Nasrullah : Cela exige de longues discussions, est-ce que le problème se situe au niveau des mécanismes ? Je ne le crois pas, le problème est qu’il y a un groupe au pouvoir qui veut s’en accaparer et qui refuse la participation de l’autre partie. C’est pourquoi nous considérons que ceux qui disent que le tiers garant, ou annulateur ou qui fait tomber le gouvernement soit, accorder le tiers du gouvernement à l’opposition est un suicide politique, que c’est étrange. Dans tous les Etats du monde, lorsqu’il y a une crise interne, ou aux lendemains d’une guerre, ou dans le cadre de défis au niveau régional, ou international, ces Etats forment un gouvernement d’union nationale. Mais ici, au Liban, le gouvernement d’union nationale devient un suicide politique. Certains parlent de suicide politique, d’autres disent que cela est impossible et non envisageable, pendant qu’un troisième parle de cadavres….. Aujourd’hui, le problème réel, c’est que le principe de la participation, soit le tiers garant, veut dire que l’opposition devient associée dans la formation du pouvoir et dans l’administration du pays, cela veut dire qu’il n’y aura pas d’installation définitive des Palestiniens (tawtîn).

Question : est-il possible qu’ils dipalident le pays à ce point ?

Sayyid Hassan Nasrullah : Oui, et lors de la guerre de juillet (2006), ils l’ont fait : est-ce qu’il y a un Libanais qui demande aux Etats-Unis qu’Israël déclenche une guerre contre le Liban, qu’il détruite des régions entières ?

Question : En êtes-vous certains ?

Sayyid Nasrullah : Oui, nous en sommes certains et j’en fais serment. La pratique au cours de la guerre confirme les accusations que nous portons. S’il y a une opposition, un tiers garant, cela veut dure qu’il y a un effort libanais officiel pour traiter les dossiers en suspens avec la Syrie, et de ce fait, ne pas utiliser le Liban pour la guerre et les pressions sur la Syrie. S’il y a une opposition et un tiers garant, cela signifie que la question de la résistance se traite dans le cadre d’une stratégie de défense nationale qui consolide la force du Liban et non sur la base de la suppression de la résistance pour le profit d’Israël. S’il y a une opposition et un tiers garant, cela signifie qu’il y a une politique économique nationale non soumise aux conditions du Fonds monéraire international et de la Banque mondiale. S’il y a une opposition et un tiers garant, cela signifie qu’il y a des institutions militaires et sécuritaires nationales et non une armée et des appareils sécuritaires refondées et dont l’idéologie est refondée pour être, en fin de compte, des appareils de renseignements au service du FBI et de la CIA. C’est cela, le tiers garant.

Ils nous voulaient comme décor

Question : Vous étiez au pouvoir. Pourquoi n’êtes-vous pas restés et gardé le tiers garant ?

Sayyid Nasrullah : Il est d’abord important de rappeler que lorsque nous sommes entrés au gouvernement, il n’y avait aucune discussion sur le tiers garant, et nous ne sommes intervenus ni par une part, ni dans des négociations menées par le parti al-Mustaqbal (Harîrî) avec le courant national libre (Aoun), ni dans les négociations entre le président (gouvernement) Sanioura et le président (république) Lahoud autour du nombre des ministres…. Amal et le Hizbullah sont entrés au gouvernement sur la base d’un accord politique qui avait commencé avant les élections législatives. Ils ont rompu cet accord. De quoi parlait-il ? Un accord politique sur les armes de la résistance et sur la participation. Ce furent les points essentiels….

Mais lorsque nous sommes entrés au gouvernement, les questions essentielles n’étaient plus discutées, ni dans le cadre de l’alliance quadripartite des partis, ni dans le gouvenement. Par exemple, la question de l’énergie, qui est un des principaux dossiers du pays (eau, électricité et pétrole). Le ministre de l’énergie est l’un des nôtres, il découvre que le chef du gouvernement a constitué un groupe de travail qui met les plans, les programmes et les politiques dépendant du ministère de l’énergie, sans qu’il en soit au courant, alors qu’il avait également constitué un groupe de travail. Les ministres de Amal et du Hizbullah découvrent aussi que le plan économique et financier du gouvernement était prêt, sans qu’ils ne soient consultés. L’équipe de la majorité avait même fait un plan pour l’agriculture, alors que le ministre de l’agriculture n’était pas au courant. Pour la question de la sécurité, il a été décidé, et le texte a été montré par le ministre Fneish qu’il sera constitué un bureau de renseignements avec la présence d’officiers internationaux, ce bureau aura pour tâche le contrôle des appareils sécuritaires libanais et la discussion de ses plans, de ses programmes, de son développement, de son équipement et financement. Au temps des Syriens, cela n’existait pas !.... Il s’est donc avéré que nous étions là pour le décor, afin de dire que toutes les confessions sont représentées dans le gouvernement, et c’est pourquoi nous avons préféré le quitter.

Nous ne leur accorderons pas la légitimité de gouverner seuls

Question : il leur reste un an et demi au pouvoir. Pourquoi ne pas les laisser gouverner jusqu’aux prochaines élections électorales ?

Sayyid Nasrullah : S’ils gouvernent pendant un an et demi sans l’opposition, ce sera un grave danger sur le liban… Le problème n’est pas dans la présidence de la république, que ce soit Michel Sulayman ou Michel Aoun, la situation sera la même et sans le tiers garant, le général Aoun ne pourra rien faire non plus. Vous dites que la situation antérieure était stable, oui, parce que le Liban, pendant 15 ans, a été tenu par un ordre régional et international. Maintenant, on nous dit : vous les Libanais, réglez vos problèmes vous-mêmes, quelle que soit l’intervention américaine ou étrangère. Nous nous sommes retrouvés confrontés aux problèmes réels, lors de notre présence au gouvernement… Il y a un groupe qui emmène le pays vers une voie dangereuse… Et je m’adresse aux Libanais, leur disant : la question est posée, est-ce que nous les laissons gouverner encore, est-ce que nous leur facilitons la tâche, par notre générosité ? L’opposition a facilité beaucoup de choses, à tel point que la base reproche beaucoup et je comprends ce reproche, mais c’est un autre problème. On nous dit : pourquoi insistez-vous sur le tiers garant, laissez élire le général Sulayman, qu’ils forment leur gouvernement, et dans un an et demi, ce seront les élections législatives. De mon point de vie, s’ils prennent le pouvoir sans faire participer l’opposition avec le tiers garant, et quel que soit le président de la république, cela constituera un danger sur le pays, dans différents domaines : politique, jurisique, économique, et même sécuritaire. Cela exige évidemment quelques explications.

Nous savons que le gouvernement fait la loi électorale. Qu’est-ce qui nous garantit que ce gouvernement que nous allons laisser gouverner pendant un an et demi, ne reviendra pas avec la nouvelle loi électorale, renouvelant la crise pour quatre ans supplémentaires ? La majorité veut une loi électorale qui lui permette de revenir, elle fera une loi lui garantissant la majorité au parlement, pour quatre ans.

Pour la question économique, les lois qui seront appliquées pendant un an et demi comportent de graves dangers pour les paysans, les industriels, la main d’œuvre et les fonctionnaires de l’Etat, avec l’augmentation des impôts et des taxes. Le programme économique de ce gouvernement est la conséquence de la conférence de Paris 3, et les conditions du Fonds monétaire international. La présence de l’opposition au gouvernement avec le tiers garant limite les effets de ce plan. Concernant la sécurité, en un an et demi, les appareils sécuritaires et l’armée seront recomposés et reformés de manière à constituer un danger sur le pays. Même si nous avons confiance dans la présence de Michel Sulayman à la présidence, le gouvernement, dans sa majorité écrasante (sans tiers garant), peut prendre des décisions relatives aux appareils sécuritaires et militaires, et si le président n’est pas d’accord, il sera isolé comme l’a été le président Emile Lahoud, le gouvernement pourra prendre des décisions concernant la refondation de l’appareil judiciaire. Il peut le faire en un an et demi. Ils peuvent organiser l’Etat pour garantir leurs propres intérêts et les intérêts de ceux qui sont derrière eux…

De notre côté, nous considérons le gouvernement actuel comme illégal, et ce qu’il fait est illégal. Cela est très dangereux, mais reste beaucoup moins dangereux que si nous leur remettons le pouvoir, car quand nous leur remettons le pouvoir, nous reconnaissons son caractère constitutionnel, légal, ce qui veut dire que nous lui donnons la possibilité de gouverner le pays d’une manière très dangereuse, et je ne parle pas ici du parti, car ils ne peuvent rien faire à ce niveau, mais il s’agit du pays en entier ; la situation actuelle reste beaucoup moins dangereuse que si le gouvernement gouverne sans opposition et sans tiers garant.

Par ailleurs, nous étions prêts à agir si jamais le pouvoir avait procédé à l’élection du président avec la formule de la moitié + 1 (nombre de députés, et non des deux tiers comme le réclame l’opposition et des députés de la majorité). Mais la période des fêtes est venue, nous avons donné le temps aux négociations. Nous avons la patience, nous avons attendu jusqu’à la fin de la période des fêtes. A notre avis, la médiation française n’est pas finie, malgré les déclarations de Sarkozy, et des efforts arabes sont en cours. Nous attendons de voir si ces médiations amèneront quelque chose de nouveau. Si ces médiations s’achèvent, et si le gouvernement persiste à vouloir exercer les responsabilités de la présidence, et s’il n’y a plus rien à l’horizon, nous prendrons le temps, une semaine ou dix jours, pour la consultation et la discussion entre les forces de l’opposition pour trancher. Qu’allons-nous faire ? Aujourd’hui, je ne peux rien dire, le parti n’est pas le seul dans l’opposition. Ce qu’adoptera la direction de l’opposition sera annoncé, sera fixé et par conséquent, mis en route. Mais que l’Mais que l’opposition garde son silence et ne bouge pas ? Non, si l’opposition est calme, c’est parce qu’il y a des médiations, et nous tenons à donner une chance à ces médiations.

Question : Nous avions déjà entendu cela il y a un an. Les forces du pouvoir affirment que votre capacité ne va pas au-delà ce ce qui est, puisque vous ne déclarez que la guerre interne est interdite ?

Sayyid Nasrullah : J’affirme une fois encore qu’il s’agit d’un point de force pour l’opposition, cela montre son honnêteté, elle ne veut ni guerre civile ni guerre interne, elle tient à la paix civile, à la stabilité… En réalité, c’est ce souci qui a empêché l’opposition à aller vers l’avant, et les médiations étaient encore actives. Nous avons attendu jusqu’aux élections présidentielles. L’opposition a offert de grandes facilités, comme l’initiative du président (de l’assemblée nationale) Nabih Berri, où elle a abandonné sa condition de formation d’un gouvernement d’unité nationale avant les élections présidentielles.

Question : et pourquoi n’a-t-il pas élu ?

Sayyid Nasrullah : parce qu’ils disent nous voulons un président qui forme son propre gouvernement, et non un gouvernement d’unité nationale, ils ont pris une partie de la proposition et ont laissé l’autre, qui est aussi important que le premier. Il y aura un président s’il y a un gouvernement d’unité nationale, c’est ce qui résoudra le problème au Liban.

Ils ont arrêté le dialogue interne, ne voulant pas discuter avec le général Aoun, qui représente l’opposition. Quand ils discutaient avec Nabih Berri, représentant l’opposition, ils disaient que le chrétien dans l’opposition n’était qu’une annexe, et quand Nabih Berri a remis la responsabilité des négociations au général Aoun, ils ont dit qu’il est un outil utilisé par l’opposition et ont refusé de poursuivre les négociations avec lui. Il y a un problème de moralité au Liban : ils ont arrêté les négociations internes, les médiations arabes ont été arrêtées, et aussi les médiations internationales. Alors, l’opposition est contrainte de prendre des mesures, des moyens civils et légaux, pour y faire face.

La position syrienne

Question : qu’en est-il de la Syrie ? Est-ce que la communauté internationale souhaite ou non l’intervention de la Syrie au Liban ?

Sayyid Nasrullah : une grande pression était exercée sur la Syrie pour qu’elle n’intervienne pas, elle était accusée d’intervenir, et aujourd’hui, il y a une demande de la communauté internationale pour qu’elle intervienne. Tantôt, on veut punir la Syrie parce qu’elle intervient au Liban et tantôt, il lui est demandé d’intervenir. Cela montre d’abord l’échec de la politique américaine, qui voulait décider seule au Liban. Qu’est-il demandé de la Syrie ? Ils lui demandent de faire pression sur l’opposition pour que cette dernière abandonne sa revendication naturelle et logique, concernant le gouvernement d’unité nationale et la loi électorale. Les Européens sont intervenus, à plusieurs reprises, et notamment le président Sarkozy. Les Français ont voulu alléché la Syrie par plusieurs propositions : les relations normales avec la Syrie, les relations euro-syriennes. Mais les dernières paroles du président Sarkozy, menaçant au sujet du tribunal international, signifient la politique de la menace aux côtés de la promesse.

En tant qu’opposition libanaise, il faudrait témoigner devant l’histoire : la Syrie qui a un intérêt certain dans la reprise des relations syro-françaises, et la reprise des relations arabo-syriennes, qui a un intérêt certain dans la reprise des relations syro-européennes, et éloigner la menace d’un tribunal qui la vise. Si la Syrie veut considérer ses propres intérêts, elle fait pression sur l’opposition, lui parlant d’intérêts régionaux. Mais, en fin de compte, est-ce que la Syrie peut exercer une pression ? Est-ce que l’opposition se soumet à une telle pression ? Elle le peut et l’opposition peut la refuser, mais les Syriens sont venus et ont discuté avec l’opposition, nous disant que les propositions sont telles et telles, qu’acceptez-vous et que refusez-vous ? En tant qu’opposition, nous avons dit, nous acceptons tel et tel points, ce dont nous parlons aujourd’hui. Ce que nous recherchons, c’est l’intérêt du Liban, un Liban indépendant et libre, non soumis à l’administration américaine, un Liban qui refuse la guerre civile. Nous avons accepté l’élection d’un président de concorde, mais accompagnée d’un groupe de revendications, qui sont le gouvernement d’unité nationale, etc…

La Syrie a mis en avant les intérêts de l’opposition nationale libanaise avant ses propres intérêts, prouvant qu’il s’agit d’une relation de respect et non de dépendance, car l’intérêt de la Syrie était de faire passer toute proposition, au détriment de l’opposition, afin de récupérer sa situation régionale et internationale, remettant à plus tard la question du Liban. Il y a de fortes pressions actuelles sur la Syrie, des menaces contre elle, une résolution du conseil de sécurité, ou ce dont a parlé Sarkozy, aucun président ne parle ainsi. Malgré tout, la Syrie n’a aucunement fait pression sur nous. Elle a les moyens de le faire, elle peut fermer les frontières, etc… mais elle a considéré que son rôle n’est pas de faire pression, mais de discuter avec l’opposition, car la décision est finalement celle de l’opposition.

Question : comment le problème syro-saoudien sera résolu ?

Sayyid Nasrullah : La réconciliation syro-saoudienne aidera à résoudre la crise libanaise, mais c’est surtout le facteur américain qui est principal, ce ne sont ni le facteur syrien, ni le facteur saoudien. Ce sont surtout les Etats-Unis qui empêchent une entente entre les Libanais.

Pas de victoire décisive, mais nous avons empêché l’application du plan américain

Avant de clore le dossier interne, une conclusion :

Ni le pouvoir ni l’opposition n’ont remporté de victoire décisive ou subi de défaite décisive, même si certains du pouvoir considèrent que donner le tiers garant à l’opposition signifie une victoire de celle-ci. Nous ne recherchons pas de victoire morale ou politique, nous recherchons une solution sérieuse à la crise actuelle du Liban, qui ne peut être résolue que par la participation.

Mais d’autre part, je voudrai m’adresser au peuple libanais, et plus spécifiquement au public de l’opposition : la chose dangereuse qui devait être accomplie au cours de ces trois dernières années, nous l’avons empêchée dans une grande mesure, le projet américain, qui menace le Liban. Au cours de ces trois années, ce projet n’a pu voir le jour, la résistance est toujours là, elle était visée par le projet américain et la résolution 1559, la résistance a été ciblée pour l’isoler politique, elle a été visée pendant la guerre de juillet, qui était une guerre à cent pour cent américaine, et par décision américaine.

Ensuite, il n’y a aucune chance, à cause de la présence d’une opposition forte, pour exécuter le plan de l’installation définitive des Palestiniens, qui sera appliqué s’ils prennent le pouvoir, selon un marchandage précis : nous vous accordons 40 milliards de dollars, et peut-être maintenant 60 milliards de dollars, donnez la nationalité à 250.000 Palestiniens, et trouvons une solution pour les 50.000 autres. Ils considèrent cette question à partir du salut national. Troisième point, l’opposition a empêché que le Liban devienne une partie du camp américain, jusqu’à présent. Est-ce que nous pouvons donc affirmer que les Etats-Unis ont échoué à réaliser leur projet ? Oui, il a échoué, et c’est la réalisation de l’opposition.

Mais l’opposition n’a pas réalisé son objectif, parce qu’elle est en situation défensive. Le problème n’est pas les forces du 14 février (14 mars, les deux sont utilisés, ce sont les forces du pouvoir), car l’opposition mène une lutte politique mondiale, comme la résistance a mené au cours de la guerre de juillet une guerre mondiale. Il y a une guerre mondiale (menée par) les Etats-Unis et la communauté internationale qui veulent imposer une formule précise sur les Libanais.

Nahr el-Bared et les plans de liquidation du droit au retour des réfugiés

Question : est-ce que vous craignez une autre (guerre) de Nahr el-Bared, au Liban ?

Sayyid Nasrullah : Je suis inquiet au sujet de la situation dans les camps. Dans quel sens ? Dans celui où l’ensemble de la question de la (présence) palestinienne est en discussion, et par conséquent, nous ne pouvons pas dire que le sujet est loin de tout projet dans la région. Je ne parle pas selon la logique d’un complot, mais je dis qu’il y a un effort concernant le sujet palestinien dont ils veulent finir, ils veulent finir avec le conflit israélo-palestinien. Le problème essentiel est celui des réfugiés, et le projet de l’installation définitive des Palestiniens au Liban est un projet très sérieux, très très sérieux, et je possède des indices et des éléments.

Le problème, c’est si on fait intervenir dans des conflits les camps palestiniens, à l’intérieur des camps ou avec son entourage, ou avec l’armée libanaise, par le biais de groupes inflitrés ici ou là. Je n’aborde pas ce problème pour faire peur, mais pour dire aux organisations palestiniennes, celles de l’OLP ou de l’alliance, aux habitants des camps et de l’entourage, à l’Etat libanais et à l’armée libanaise : le dossier palestinien, le dossier des camps, doit être notre souci à tous, afin qu’on ne soit pas entraîné vers l’erreur.

Question : vous aviez considéré à l’époque que le camp est une ligne rouge. L’armée a cependant réussi à dominer et à trancher le conflit ?

Sayyid Nasrullah : A quel prix ? Des pertes importantes, pour l’armée et les Palestiniens. Il y avait une possibilité de régler le problème sans payer ce prix et c’est ce que nous cherchions. Jusqu’à présent, les conséquences de Nahr el-Bared ne sont pas finies, ni ses conséquences humaines et sociales, la souffrance des habitants du camp de Nahr el-Bared, qui s’en aperçoit ? Mais également les souffrances des soldats qui ont offert tous ces grands sacrifices, et les conséquences sécuritaires. Qui a dit que ce dossier est clos ? Il était possible de régler cette question avec moins de coût, et tout ce que nous avions voulu dire à l’époque, était notre souci envers l’armée et envers les palestiniens, et le peuple palestinien dans les camps, c’est ce qui nous a fait dire que c’est une ligne rouge.

Une autre guerre israélienne ?

Question : est-ce qu’Israël peut lancer une attaque, à partir du rapport de la knesset disant que son armée a été impuissante ?

Sayyid Nasrullah : Du point de vue théorique, tout est possible, mais dans les faits, un mois, deux, trois, quatre ou cinq, cela exige une longue discussion. Les Israéliens parlent de guerre, Ashkinazî parle de la guerre prochaine contre le Liban qui serait victorieuse, mais aussi Ehud Barak. Les manœuvres menées dans la région nord, mais aussi les manœuvres partielles qui se mènent toutes les semaines, certains Libanais n’en entendent pas parler. Les Israéliens font également l’effort de recomposer leur armée, tous ces faits disent, et c’est normal vu sa nature agressive et expansionniste, qu’il pense à reprendre une guerre un jour ou l’autre, mais quand ? On ne le sait pas. De plus, ce n’est pas une question locale ou régionale. Est-ce que la guerre de juillet avait des considérations israélo-libanaises ? Non, elle était essentiellement américaine, et sa décision américaine. Par conséquent, les Etats-Unis peuvent donner l’ordre à tout moment à une attaque. Nous, par contre, nous sommes concernés en étant attentifs, à nous y préparer, à ne pas dormir sur l’idée que les israéliens ne feront rien. Nous faisons en sorte d’empêcher la guerre, et le moyen de l’empêcher consiste à s’y préparer, soit dire aux Israéliens que nous sommes prêts. Quand nous disons aux Israéliens que nous sommes capables de toucher tout point en Palestine occupée, nous ne faisons pas seulement de la guerre psychologique, mais nous disons : la guerre coûtera très cher. Ils ont dit beaucoup de choses pendant la guerre, nous n’avions pas répondu, mais aujourd’hui, tout se dévoile avec les enquêtes, comme lorsqu’ils ont dit, au début de la guerre, qu’ils avaient touché la capacité de lancement des fusées du Hizbullah, ce n’était pas vrai. Actuellement, les officiers supérieurs reconnaissent qu’ils avaient prétendu faussement avoir remporté une victoire au début de la guerre. Donc, nous nous préparons tous les jours, pour empêcher la guerre, mais si elle est déclenchée, nous y sommes prêts.

Question : qu’en sera-t-il des résolutions internationales ?

Sayyid Nasrullah : Que ceux qui les violent en supportent les conséquences. Nous de notre côté, nous ne déclencherons pas la guerre. Nous serons critiqués, comme nous sommes critiqués quand nous disons que nous ne voulons pas déclencher une guerre, ou critiqués quand nous disons que nous ferons la guerre. Cela nous est égal, nous assumerons notre responsabilité et défendrons notre pays et sa dignité. Nous ne voulons pas la guerre, mais si elle est déclenchée, nous défendrons notre pays.

Question : Vous vous défendrez ou bien laisserez ce soin à l’UNIFIL et à l’armée libanaise ?

Sayyid Nasrullah : L’UNIFIL n’est pas dans une position de défendre le pays, d’ailleurs il ne considère pas que telle est sa mission. Ils écrivent des rapports, comme sur les violations aériennes actuelles. Quant à l’armée libanaise, toute seule, (elle en est incapable), elle a besoin de toutes les forces, sécuritaires, résistance populaire, etc..

Personne ne peut imposer quoi que ce soit à l’opposition

Question : quelle est votre position aujourd’hui ?

Sayyid Nasrullah : Si le monde entier se coalise pour imposer quoi que ce soit à l’opposition, comme en juillet 2006, qui ne soit pas de l’intérêt du Liban, ils ne peuvent l’imposer à l’opposition. Le monde entier, le conseil de sécurité, les Etats-Unis, la France, tous les Arabes, l’Iran et la Syrie, l’opposition est solide et certaine de ses droits, elle a confiance dans sa base populaire et dans sa force, et n’a peur de rien, sauf de Dieu. Ses revendications sont justes, modestes, elle ne veut supprimer personne. De ce fait, la menace de faire intervenir le conseil de sécurité, ou les décisions internationales, ne change rien. Nous n’affronterons pas pire que ce qui est arrivé en juillet 2006.

Pour les Libanais, nous leur disons que malgré la situation difficile, nous n’abandonnerons pas le pays pour ce qui est pire et plus dangereux. Les Libanais doivent savoir que malgré la situation que nous vivons, nous sommes en meilleure situation que la Palestine, que l’Irak, que l’Afghanistan, et même si nous comparons notre situation à celle du Pakistan, si nous voulons comparer notre situation à celle de tous les lieux où les Etats-Unis sont intervenus et voulu prendre en main les affaires. Jusqu’à présent, l’opposition a réussi à diriger la crise politique et le conflit politique avec le moindre dégât.

Question : Où en est-on quant au problème des prisonniers ?

Sayyid Nasrullah : Nous sommes toujours en négociations, il est possible d’avoir des surprises positives ou négatives. Après l’échange partiel qui a eu lieu, nous faisions des pas de façon positive et avancée, mais il semble qu’il y ait eu intervention sur la ligne. Vous êtes au courant des cris émis par certains : que faites-vous ? Vous négociez avec le Hizbullah et leur accordez une victoire. J’ai personnellement insisté pour tempérer cette question, et c’est une réalisation partielle et limitée, mais plus d’une voix se sont élevées, alors que le dossier était en cours. Mais nous avons été surpris plus tard par la lenteur des négociations. Elles sont toujours là, mais certaines choses positives qui étaient fixées ont été remises en cause par les Israéliens.

Question : pourquoi ? Est-ce sous la pression des Américains ?

Sayyid Nasrullah : Je n’ai pas d’explications claire, mais ce que je peux dire, c’est qu’à un moment, nous avons senti que les Israéliens étaient sérieux, mais aujourd’hui, nous sentons qu’ils ne sont pas intéressés, ni d’avoir des renseignements sur les soldats, ni sur autre chose, car nous avons des parties de corps de soldats. Nous voulons proposé, lors des négociations, de les remettre, mais la partie israélienne n’était pas intéressée, sachant qu’auparavant, tout a été négocié, comme lors de l’opération d’Ansariyyé. Dans tous les cas, tout est possible, les négociations sont en cours, et il est possible que d’ici quelques semaines, des résultats apparaissent pour savoir si les négociations auront des conséquences positives ou négatives.

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