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Sunday, January 06, 2008

LE SNIPER DE BAGDAD EST DE RETOUR

samedi 05 janvier 2008 |L’Orient-Le Jour
REPORTAGE - Héros et mythe de la « résistance »
irakienne
Le retour de Juba, le « sniper de Bagdad »
http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=
article&id=361469


Au travers de la lunette de visée d’un fusil de
précision, la silhouette du soldat se dessine dans la
fenêtre d’un mirador en béton. Une détonation. Le
corps s’écroule comme un pantin, chute de la tourelle.

Le sniper Juba vient de frapper.

Une nouvelle et troisième vidéo de ce mystérieux
tireur d’élite de l’Armée islamique en Irak, l’un des
principaux mouvements de l’insurrection sunnite, est
disponible depuis fin décembre sur Internet.
Cette compilation d’images de GI touchés par des tirs
de sniper affirme vouloir « dire la vérité au peuple
américain » sur la réalité des pertes américaines en
Irak. « L’Administration US ment à son peuple. Avec
nos vidéos, nous voulons réveiller le peuple américain
», y déclare le « commandant des brigades des snipers
» de l’Armée islamique, visage flouté et keffieh
autour de la tête.

Juba – un nom de guerre – a fait son apparition sur le
Net courant 2005, dans un premier film de qualité
technique médiocre, mais aux images chocs de soldats
américains s’écroulant sous les tirs de snipers
insurgés. La deuxième compilation de ses « exploits »,
diffusée en octobre 2006, a fait de Juba un mythe. Au
plus fort des violences, le « sniper de Bagdad » est
alors devenu le héros de toute une jeunesse irakienne
et le symbole de la haine de « l’occupant ». Le succès
en ligne a été immédiat, l’impact psychologique
considérable, dans le monde arabe comme dans les pays
occidentaux. Véritable individu ou invention de la
propagande insurgée, « le sniper de Bagdad est devenu
une légende », exaltant le patriotisme, les sentiments
religieux tout en encourageant les vocations au jihad,
observait en 2007 la
Jamestown Foundation, organisme américain de réflexion
sur le terrorisme, soulignant la nécessité de «
maîtriser » rapidement la menace.

Disposant de son site Internet
(www.baghdadsniper.net), Juba est l’un des meilleurs
succès médiatiques de cette branche de l’insurrection.
En particulier face à la concurrence des vidéos de la
branche irakienne d’el-Qaëda, omniprésente sur le Net,
et aujourd’hui en guerre ouverte contre l’Armée
islamique. Le sniper de Bagdad n° 3, sous-titré en
anglais et au design bleu extrêmement soigné, montre
des groupes de tireurs à l’entraînement, avec chants
guerriers et détonations d’armes en fond sonore. Une
dizaine de militaires américains apparaissent tour à
tour, fauchés par des tirs : impossible d’établir le
lieu, la date, les unités impliquées et surtout le
sort du soldat touché.

Le chef présumé des snipers de l’Armée islamique ne
donne aucune indication chiffrée sur ces victimes
américaines, mais parle de « dix agents iraniens » (en
fait des policiers et soldats irakiens) tués chaque
jour. « L’Armée islamique a déjà diffusé environ 70
compilations de ses actions, mais l’ennemi utilise le
fait que peu de cadavres apparaissent sur ces images
pour minimiser ses pertes », estime l’homme.
« Avec le sniping, c’est différent. (...) Ce qui fait
tout l’intérêt de nos vidéos », dont Washington «
tente d’empêcher la diffusion », affirme-t-il. Face
aux tireurs embusqués, « les Américains ont renforcé
leurs contre-mesures », constate-t-il. « Mais nos
snipers surpassent ceux de l’armée américaine. Nos
hommes n’ont que quelques minutes pour localiser la
cible, tirer et prendre la fuite », souligne-t-il,
évoquant l’arrivée de nouveaux fusils et silencieux,
avec « bientôt une surprise qui va choquer l’ennemi ».

Selon un décompte du site indépendant
www.icasualties.org, 338 soldats américains ont été
tués depuis le début de la guerre par des tirs «
d’armes de petit calibre » (8 % des pertes
américaines), dont 48 par des tirs de snipers. L’armée
US répugne à s’exprimer sur le sujet. Le porte-parole
des forces américaines en Irak, le général Kevin
Bergner, concède simplement que « les tireurs d’élite
sont une menace que nous prenons en compte
quotidiennement ».

Hervé BAR (AFP)

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