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Wednesday, October 28, 2009

Le Maghreb et les modes managériales du Nord

Chronique économique
Le Quotidien d'Oran, mercredi 21 octobre 2009


Akram Belkaïd, Paris

Le Maghreb et les modes managériales du Nord

L’onde de choc provoquée par la succession de suicides de salariés chez France Télécom mais aussi dans d’autres grandes entreprises françaises telle que Renault n’en finit pas de se propager, obligeant patronats et syndicats à reprendre leurs discussions à propos de la souffrance au travail. Ces drames ont en effet une dimension qui dépasse le seul cadre humain, car ils obligent tout un chacun à réfléchir voire à repenser en profondeur la manière dont fonctionnent et s’organisent les entreprises.

Cela doit nécessairement interpeller les décideurs politiques et économiques du Maghreb. La mondialisation, la convergence aussi lente soit-elle des économies entre les rives sud et nord de la Méditerranée sont une réalité et ont des conséquences directes sur la manière dont les entreprises maghrébines se structurent. En fait, la problématique est très simple. Depuis des années, les entreprises du Nord, notamment françaises, ont fait figure de modèle à suivre au Maghreb en termes d’organisation, de mode de management, d’évolution des systèmes internes de mesure de la performance et de quête permanente pour l’amélioration de la productivité.

La question qui se pose est de savoir si cette supposée excellence dans tous les domaines n’est pas un leurre ou, du moins, s’il n’est pas temps de la relativiser. Est-on sûr par exemple que France Télécom, qui entend jouer un rôle de premier plan au Maghreb (l’entreprise a décroché une licence pour la téléphonie en Tunisie), ne va pas y implanter ses modes managériaux qui sont tant décriés actuellement ? Et quelles en seront alors les conséquences ? En d’autres termes, sommes-nous suffisamment attentifs aux bouleversements sociaux qu’impliquent l’installation de multinationales sur le sol maghrébin ?On ne peut prétendre qu’une entreprise se gère de la même manière d’un pays à l’autre. Les codes culturels, les situations économiques et sociales, les attentes individuelles font que cela nécessite adaptation et réglage fin. Le problème, c’est que le Maghreb est sillonné par des consultants en management qui tiennent l’organisation des entreprises du Nord comme étant le modèle à suivre et cela sans tenir compte des spécificités locales, mais aussi en feignant d’ignorer à quel point ces organisations érigées en exemple à suivre produisent de la souffrance, du mal-être au travail et parfois même, de la contre-performance économique.

Les méthodes managériales qui ont le vent en poupe en Europe ou en Amérique du Nord sont en voie de dissémination en Tunisie, au Maroc ou Algérie sans le minimum de recul critique comme si le label « made in north » suffisait. A ce sujet, on peut même relever qu’il existe une chaîne de transmission dans la diffusion de ces méthodes et outils, le dernier en date étant le « coaching » qui, trop souvent, se résume à une fumisterie destinée à occuper des cadres en position délicate et à fournir du travail à des consultants en mal de contrat. Cette chaîne part des Etats-Unis pour aboutir de diverses façons en Europe. On le sait, de nombreux spécialistes européens du management ne font en réalité que recycler ce qu’ils ont pu glaner par le biais d’une veille plus ou moins permanente sur l’actualité du management en Amérique du Nord. Quant au Maghreb, il est en bout de chaîne, certaines méthodes l’atteignant plusieurs années après avoir fait parler d’elles dans les revues occidentales de management. Cette réalité interpelle les écoles de commerce maghrébines. Dynamiques au Maroc, débutantes en Algérie, très recherchées en Tunisie, ces dernières ont une énorme responsabilité en matière de formation d’élites tenues par la suite de savoir évoluer dans une économie globalisée mais devant nécessairement garder en tête, pour ne pas dire protéger, leurs spécificités culturelles et le capital humain dont ils auront la charge. L’enjeu est de taille. Les ouvertures économiques, les privatisations, l’installation de filiales de multinationales susceptibles de délocaliser à tout moment, les retraits progressifs des Etats sont autant de facteurs qui fragilisent les cadres et salariés maghrébins. Il ne faudrait pas aggraver la situation en se mettant à importer cette souffrance au travail qui fait déjà tant de ravages au nord de la Méditerranée.

1 comment:

les chinois en algerie said...

Depuis plusieurs semaines, la presse algérienne se fait l'écho de tensions entre la communauté chinoise installée en Algérie et la population locale. Tensions qui ont donné lieu cet été à de graves agressions à l'encontre de ces immigrés asiatiques et dont la violence a même poussé les autorités chinoises à intervenir auprès de leurs homologues maghrébins pour leur demander de mettre fin à ces pugilats.
« Les Chinois ont abusé de la gentillesse des Algériens.
On les a accepté malgré leurs défauts, aujourd'hui ils nous agressent chez nous », a déclaré Mounir à l'AFP. « Ils boivent de l'alcool devant leurs boutiques au vu et au su des Algériens et s'exhibent parfois en short dans le quartier.
Ce sont des comportements contraires à notre religion et notre culture », a précisé Abdellah, un autre habitant du quartier.
Des critiques que Song explique par « un sentiment de concurrence et de jalousie ». A Bab Ezzouar, à Alger, plus de 200 commerces appartiennent à des Chinois. « Leurs produits sont vendus à des prix très compétitifs, ils sont ouverts tous les jours, donc ils gagnent de l'argent. Ce qui déplaît aux Algériens », observe-t-il.
Etonnant, non ? Ces mêmes chinois sont implantés en France depuis des lustres mais n'ont que rarement attisés le ressentiment des Français, contrairement à d'autres communautés.
Mais que les Algériens se rassurent, leurs immigrés chinois ne brûlent pas encore le drapeau national dans la rue, n'imposent pas leurs coutumes alimentaires dans les écoles, n'exigent pas la construction de grands temples bouddhistes ou taoïstes, ne réclament pas d'horaires de piscine aménagés, ne contredisent pas l'enseignement des sciences, se satisfont de médecins masculins pour leurs épouses, ne profitent pas indûment des aides sociales