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Monday, November 15, 2010

Irak: les condamnés à mort...

Irak: Saadoun Shaker, condamné à mort par pendaison.

Son épouse parle…



Saadoun Shaker, ancien ministre irakien de l’Intérieur (1979-1987), a été condamné à la peine capitale par la « Haute cour pénale » irakienne en même temps que Tarek Aziz et trois autres dirigeants baasistes. Siham Shaker, son épouse, est de passage à Paris pour raisons médicales. Elle a tenue une conférence de presse le 12 novembre à l’AGECA, sous l’égide des Amitiés franco-irakiennes et de l’Appel franco-arabe, avec Maître Jacques Vergès (photo). Xavière Jardez a rencontré Mme Shaker. Interview:

Xavière Jardez : En 1991, votre mari avait pris sa retraite et n’était plus ni membre du Conseil de Commandement de la Révolution (CCR), ni membre du gouvernement. Dans ce cas-là, quelles accusations a-t-on pu porter contre lui ?

Siham Shaker : Mon mari a été ministre de l’Intérieur de 1980 à 1987. En 1990, il n’exerçait plus aucune fonction. L’accusation qui a été retenue contre lui est celle de la répression des partis religieux. Or, la sécurité était de la compétence du Président Saddam Hussein et non du ministre de l’Intérieur qui n’avait sous sa tutelle que les forces de police et de la gendarmerie. En fait, c’est sa seule qualité de membre du Conseil de Commandement de la Révolution qui fonde les accusations. Le juge a dit qu’ « étant donné qu’il était membre du CCR, Saddam Hussein lui avait donné tous les pouvoirs ». Or, Saddam Hussein a depuis le début reconnu sa responsabilité personnelle pour toutes les importantes décisions de l'État. On assiste là à une peine collective qui n’a même pas été appliquée lors du procès de Nuremberg où chaque individu a été condamné pour les ordres qu’il avait donnés et exécutés. De toute manière, le tribunal qui a jugé mon mari et les autres n’est pas légal : il a été constitué par Bremer et sa constitution n’a même pas été ratifiée par les Irakiens.

Tous les prisonniers irakiens sont des prisonniers de guerre qui tombent sous la juridiction des conventions internationales. Il n’est pas permis de les livrer à leurs ennemis, ceux qui sont actuellement au pouvoir en Irak. Les Américains sont responsables de ce qui leur arrive et de ce qui peut leur arriver dans les jours et mois à venir. C'est pour cela que nous sommes résolus à poursuivre le gouvernement américain et l'armée américaine en justice s'il arrive malheur à mon mari et à ses camarades.

X.J : Est-il vrai que le droit pénal irakien exclut la condamnation à la peine capitale pour les personnes âgées de 70 ans et plus ?

Siham Shaker : Oui, et voyez-vous, on s’est empressé d’exécuter Saddam Hussein avant qu’il n’ait 70 ans. Il avait 69 ans. Mon mari a maintenant 71 ans et Tarek Aziz plus de 70 ans aussi.

X.J : Dans quelles conditions votre mari a-t-il été arrêté ?

Siham Shaker : C’est une question un peu délicate car je ne peux citer de noms. Mais, des amis arabes ont discuté, en 2003, avec les Américains qui nous ont promis de transférer la famille en Jordanie et de ne retenir mon mari à Bagdad que quelques heures ou tout au plus quelques jours, le temps de le questionner. Ce qui n’a pas été respecté. A l’époque de la guerre, mon mari s’était retiré de la vie politique depuis 16 ans. Rien ne lui est reproché en tant que ministre de l’Intérieur. Sur les 160 personnes appartenant au parti religieux Dawa qui ont porté plainte, trois ont désigné l’ensemble des accusés. Personne ne l’a nommé personnellement.

X.J : Comment sa défense a-t-elle été assurée ? A-t-il eu le choix de ses avocats ; ont-ils eu accès au dossier d’accusation ? Sur quelles preuves les accusations ont-elles été basées ?

Siham Shaker : La famille a choisi un premier avocat qui a été assassiné. Le deuxième le fut aussi, et le troisième, Maître Badie, n’a jamais pu se rendre en Irak où il est interdit. Le Tribunal a nommé des avocats d’office qui appartiennent tous au parti Dawa. Il n’y a aucune preuve écrite dans le dossier, aucun dossier qui ait une relation quelconque avec l’interdiction des partis religieux.

X.J : Quelles furent ses conditions de détention aux mains des Américains d’abord, au Camp Cropper puis ensuite quand il fut remis aux Irakiens ?

Siham Shaker : J’ai pu rendre visite à mon mari, ainsi que mes enfants. Ses conditions de détention étaient certainement meilleures au Camp Cropper où il pouvait être examiné par un médecin alors qu’avec les Irakiens, il n’a pas de soins, de suivi médical ou de médicaments. Il en va de même des autres prisonniers et de Tarek Aziz qui ne peut ni marcher ni parler. (propos recueillis le 5 /11/10)

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