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Friday, April 08, 2011

La Tunisie et l'Union européenne

Libre échange Tunisie-Union Européenne : Chronique d’un génocide économique. par Walid Hasni* 9 avril 2011 Après la révolte le temps est à la construction de la démocratie et à la révision de nos approches économiques. La Tunisie, terre du premier peuple arabe libéré, doit poser avec acuité la question de ses relations économiques avec ses voisins du Nord de la Méditerranée, notamment l’accord de libre-échange qui la lie à l’Union Européenne. Du processus de Barcelone à l’Union pour la Méditerranée : rien ou pas grand-chose Soucieuse de son hégémonie internationale, mise à mal par la montée en puissance de la chine et de l'Inde, l'Europe a pris le choix de se rapprocher de ses voisins de l'Est et du Sud. Elle décide d'accepter l'adhésion des pays de l'Europe Centrale et Orientale dans l'Union. Elle adopte par ailleurs, une nouvelle approche méditerranéenne vis-à-vis des pays du versant Sud de la Méditerranée, via la signature, en 1995, d'un accord d'intégration régionale, communément appelée partenariat euro-méditerranéen ou processus de Barcelone muté aujourd’hui en UPM (Union Pour la Méditerranée) dont, le président français s’est fait le chantre. Elle s'articule autour de trois volets – Un volet politique et sécuritaire : création d’une zone de paix et de stabilité, fondée sur les principes de droit de l’homme et de la démocratie. – Un volet économique et financier : construction d’une zone de prospérité partagée par l’instauration progressive d’une zone de libre-échange à l’horizon de 2010 entre l’UE et ses partenaires méditerranéens. Cette construction sera accompagnée d’un important soutien financier communautaire, destiné à faciliter la transition économique et à aider les partenaires à faire face aux défis socio-économiques induits par le démantèlement tarifaire. – Un volet social et humain ou une sorte de "fourre-tout"; amélioration de la compréhension mutuelle entre les peuples de la région, promotion d’une société libre et florissante grâce à l’organisation d’échanges culturels, au développement des ressources humaines et au soutien apporté aux sociétés civiles et au développement social. Seize ans après, force est de constater que le bilan pour la rive Sud de la Méditerranée laisse à désirer. Les volets sécuritaire et social sont restés lettre morte (mise à part la lutte contre l’immigration clandestine). Le volet économique s’apparente à un « génocide économique ». La majorité des entreprises du Sud sont passées sous le contrôle des capitaux du Nord et de fait les économies nationales sont devenues à la merci des capitaux du Nord. Sous l’égide du FMI et de l’accord d’association, une politique de privatisation massive de l’entreprise publique est entreprise détruisant de fait les monopoles publics et les services Publics. Le peu des entreprises sous le contrôle des capitaux nationaux ne semble pas faire le poids face à la concurrence étrangère … Les effets escomptés européens sont incontestablement définis (ouverture de nouveaux marchés, lutte contre l’immigration clandestine, etc.), les intérêts de la Tunisie sont loin de l’être. La majorité des analyses considère cette ouverture comme très prématurée pour une économie de la taille de la Tunisie. Que faut-il faire ? Bien évidemment, il serait suicidaire de se mettre l’Union Européenne à dos ? Nous devons négocier un moratoire sur l’ouverture commerciale et l’ouverture du marché de capitaux le temps de réussir la transition. Une fois la transition démocratique réussie, la Tunisie devrait jouer la carte des grands. À savoir frapper avec force les portes de l’Union Européenne, comme le fait aujourd’hui la Turquie. En d’autres termes, nous devons militer pour que l’accord d’association débouche sur une intégration de la Tunisie dans l’Union Européenne. Ce projet parait peut-être surréaliste pour certains ? La Tunisie dispose d’un argument de poids elle sera le rempart contre l’immigration clandestine. Elle protègera la frontière Sud de l’Union Européenne !!! Certes il n’y a rien d’honorable dans cette besogne, mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas de morale en économie ? Et que les intérêts de la nation passent avant tout. Cette question -espérons le- vaudra mieux qu’un haussement d’épaule et suscitera- on le souhaite- débats et polémique Walid HASNI* est Economiste

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