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Thursday, August 09, 2012

Sidi Bouzid: la police tire des balles en caoutchou

Tunisie : la police tire des balles en caoutchouc sur des manifestants
9 août 2012 à 12:39 (Mis à jour: 14:17)




La police tunisienne a procédé à des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolution de 2011, pour disp
erser une manifestation d’opposants.

Une personne blessée par une balle en caoutchouc et quatre autres qui se sont senties mal en raison du gaz se sont rendues à l’hôpital, a indiqué le surveillant général de l’hôpital de Sidi Bouzid, Adel Dhaï, assurant que ces blessures n'étaient pas graves.


Les forces de l’ordre ont commencé à tirer en l’air lorsque des manifestants, qui réclamaient la démission du gouvernement dirigé par les islamistes du parti Ennahda, ont cherché à pénétrer par la force dans le siège du gouvernorat (préfecture) de Sidi Bouzid, selon la même source.


Les protestataires ont brisé le portail d’entrée du gouvernorat. Après les tirs, un mouvement de panique a débuté et la foule de manifestants s’est dispersée pour échapper au gaz lacrymogène.


Les manifestants avaient scandé auparavant des slogans hostiles au gouvernement tels que «le peuple veut la chute de régime», «le peuple veut la chute du gouvernement», «non à l’hypocrisie, le travail est un droit».

«Le gouvernement n'est pas au service du peuple»

Plusieurs formations politiques d’opposition ont participé à cette manifestation comme le parti républicain, le parti des Travailleurs tunisiens, Al-Watan (la nation) ainsi que des indépendants.


«Les revendications du peuple relatives à l’amélioration de sa situation sociale deviennent de plus en plus insistantes mais malheureusement le gouvernement n’est pas au service de ce peuple», a déploré Mohamed Ghadri, membre du parti républicain.


L’intervention musclée de la police intervient au moment où l’opposition et la société civile multiplient les critiques à l'égard du gouvernement, l’accusant d’une dérive autoritaire et islamiste.


Plusieurs ONG l’accusent de s’attaquer à la liberté d’expression en introduisant un projet de loi punissant de peines de prison les atteintes au sacré. Autre polémique, un projet d’article de la Constitution évoque la complémentarité et non l'égalité homme-femme.

Ennahda accusé de reléguer le dialogue au second plan

Une manifestation d’opposition doit d’ailleurs se tenir jeudi après-midi devant l’Assemblée nationale constituante à Tunis. Un autre rassemblement est prévu le 13 août pour célébrer l’anniversaire du Code de statut personnel de 1956 qui a instauré l'égalité juridique des sexes.


Ennahda rejette en bloc ces critiques, le chef du parti, Rached Ghannouchi, ayant même accusé en début de semaine des médias et des syndicats de «menacer l’unité du pays».


Pour le politologue Ahmed Manaï, Ennahda a manqué de «conscience politique», usant de sa victoire aux élections d’octobre dernier pour dominer la scène politique, reléguant le dialogue au second plan. «Ses affaires auraient mieux marché si ce parti (...) avait choisi (pour le gouvernement) les personnes compétentes et non les plus dévouées au mouvement», juge-t-il encore.


Fin juillet, la police avait dispersé de la même manière des dizaines de manifestants qui avaient attaqué le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, y jetant des pneus enflammés, pour protester contre des retards de versement de salaires.

«Il fallait s'attendre à ces manifestations»

Les revendications sociales, notamment en raison du fort chômage des jeunes et de la pauvreté, étaient au coeur des causes de la révolution. Les lenteurs de l’amélioration des conditions économiques et sociales ont entraîné des nouvelles tensions dans le pays. Régulièrement des grèves et action de protestation interviennent et la police intervient pour les disperser.


Sidi Bouzid est le berceau de la révolte en Tunisie, qui a abouti le 14 janvier 2011 à la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de règne sans partage.


Cette ville est située dans une région particulièrement pauvre et marginalisée sous l’ancien régime. Or, selon des analystes, la situation ne s’y est guère améliorée depuis la révolution.


«Les habitants de Sidi Bouzid vivent dans des conditions très difficiles surtout ces derniers temps avec les coupures d'électricité et d’eau», relève la politologue Ahmed Manaï, «il fallait s’attendre à ces manifestations», dit-il.


Le point de départ de la révolution avait été la mort le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi, 26 ans, un vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu pour protester contre les multiples saisies musclées par la police des denrées qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens.

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